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Et les réseaux sociaux dans tout ça, ils prennent
de plus en plus de place ?
les réseaux : « Puis-je vous poser une question ? »,
« Puis-je contacter votre cabinet ? ». Beaucoup
de confrères n’imaginent pas à quel point l’avocat impressionne encore : les horaires auxquels
appeler, le coût, la peur d’être jugé… Même des
personnes très diplômées hésitent. Les réseaux
les rassurent ; ils voient que je réponds vite et que
je publie tous les jours, ce qui 昀椀nit de lever leurs
appréhensions.
Je me suis tout de suite emparé des réseaux
sociaux : d’abord Facebook dès son lancement,
puis X, LinkedIn, Instagram et même TikTok.
Au total, je m’adresse à une communauté d’environ soixante-cinq mille abonnés. Ces canaux me
permettent de faire passer des messages — des
journalistes y suivent mes dossiers et les secteurs
dans lesquels j’interviens — et de rester informé :
la réactivité des réseaux nourrit le dialogue.
Accessoirement, c’est devenu un levier non négligeable de développement : près de 30 % de mes
nouveaux dossiers me parviennent ainsi.
Vous avez gardé la notion de proximité, mais ce
sont peut-être vos origines qui vous permettent
aussi de l’avoir.
Nous sommes d’accord, vous avez compris.
Oui, cela me permet d’être alerte dans un milieu
qui n’était pas celui de mes origines…
Comme ancien membre du Conseil national des barreaux, j’ai souvent tenu des formations pour expliquer à mes confrères — sur demande de bâtonniers
de province ou d’outre-mer — comment communiquer en ligne sans enfreindre la déontologie.
Il existe des règles : pas de consultation en ligne
avec une personne jamais rencontrée ou contactée
autrement, prudence sur la con昀椀dentialité. Mais
les réseaux désinhibent les justiciables ; beaucoup
n’oseraient pas appeler un cabinet, alors qu’un
message via Instagram ou LinkedIn paraît simple et
gratuit. S’ils voient que je publie quotidiennement,
ils savent aussi que je suis réactif — et c’est cela
que recherchent les clients.
Ça vous permet de garder les pieds sur terre.
Oui, bien sûr. Garder les pieds sur terre et puis penser vraiment aux autres. Moi, je peux être un avocat
dur. J’ai cette réputation parfois.
On va y revenir.
Je reste toutefois, je crois, un avocat très humain.
L’image du « cancérologue » n’est pas une métaphore : si la boulangère ou le boucher me pose une
question juridique, y répondre me prend trente
secondes et ne me coûte rien, mais cela peut les
soulager d’un souci qui les ronge depuis des jours.
Les réseaux sociaux demandent une réactivité
aussi ?
C’est une belle mission. C’est la mission première
de l’avocat, il me semble. J’ai lu beaucoup de
choses sur vous. Vous fascinez, vous énervez,
vous titillez. Et, on vous reproche régulièrement
votre mégaprésence. Ne pensez-vous pas que
trop se montrer, c’est aussi trop s’exposer ?
Est-ce que vous pensez qu’il n’y a pas un revers
à un moment donné qui s’opère ?
La réactivité est capitale. Les clients reprochent
souvent aux avocats de ne pas répondre ou de ne
pas les tenir informés ; c’est très désagréable pour
eux. Je le répète à mes collaborateurs : les gens
viennent chez nous comme on va voir un cancérologue, pas pour acheter des bonbons. Ils arrivent
avec un problème sérieux ; si nous ne pouvons pas
leur donner la solution dans la minute, nous devons
au moins accuser réception : « Chère Madame,
votre dossier est pris en charge ».
Il ne faut, hélas, jamais oublier malheureusement
qu’on est en France et que la jalousie fait partie d’une certaine culture. Moi, je ne suis jamais
agacé quand je vois des confrères passer à la télé,
vous voyez, j’écoute. Je suis agacé s’ils disent des
Je reçois d’ailleurs énormément de messages sur
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