Lexmag Numéro 6 spécial été - Magazine - Page 21
restera au
" L’humain
cœur de ce qui ne sera
arrivé. Au début, on était tentés de l’interdire. Et
puis, on s’est dit : non, formons-les à l’utiliser avec
intelligence. On a créé un protocole pédagogique
itératif, avec des phases « avec IA » et « sans IA ».
Ils commençaient à ré昀氀échir seuls, à formuler leurs
hypothèses, puis confrontaient leurs idées à celles
de l’IA, comparaient, débattaient, puis reprenaient
leur ré昀氀exion personnelle. Une utilisation maîtrisée
des avantages de l’IA. C’était passionnant. Cela
montre bien ce qu’un être humain peut apporter de
spéci昀椀que : une vision, une sensibilité, une critique,
une intuition. L’IA peut proposer, mais elle ne choisit
pas. Elle ne doute pas. Elle ne crée pas de sens.
jamais automatisé
"
Je crois que l’IA, paradoxalement, nous rappelle à
notre humanité. Elle nous oblige à nous demander :
qu’est-ce que je peux apporter que l’IA ne pourra
jamais faire à ma place ? La réponse est là : dans
le lien, la création, l’empathie, la coopération, la
responsabilité.
c'est de rester
" L'enjeu,
sujet, pas objet
"
Dans vos métiers — avocats, juristes —cela me
semble vrai également. Ce qui fait la différence,
ce n’est pas seulement l’analyse juridique. C’est la
capacité à créer un lien, à accompagner, à rassurer,
à conseiller, à discerner. C’est ce travail 昀椀n, humain,
sensible, qui ne sera jamais remplacé.
Et si l’IA peut vous assister, tant mieux. Mais
gardons la main. Rappelons-nous ce que nous
seuls savons faire : écouter, relier, inventer,
douter, aimer.
Elle ne tisse pas de lien. Elle n’a pas de conscience.
En fait, ce que je crois profondément, c’est qu’il ne
faut ni résister ni se soumettre. Il faut rester sujet.
Être acteur de sa pensée. Être en pleine conscience
de ses raisonnements, de ses valeurs, de ses
limites. L’IA ne doit pas nous faire perdre la main.
(1) Rapport d’information n°2207 sur les dé昀椀s de l’intelligence
arti昀椀cielle generative, Assemblée Nationale, février 2024
Cela vaut aussi pour d’autres évolutions, comme
le télétravail. Il a plein de vertus, bien sûr — plus de
liberté, une meilleure qualité de vie parfois — mais
il ne doit pas tuer le lien collectif, la collaboration. Il
ne doit pas nous faire basculer dans une passivité
diffuse. Nous devons garder la maîtrise de nos
actions, de nos interactions, de notre énergie.
Et tout cela passe par une meilleure connaissance
de soi, un retour au discernement, une capacité
à faire évoluer ses représentations, ses
compétences, sa vision du monde.
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