Numero 5 Lexmag - Flipbook - Page 25
L’un des associés disait
" « moi, je travaille tous les
soirs tard », comme si on
Les associés gérants ont fait appel à un cabinet de
devait faire pareil. Mais
coaching pour nous, les jeunes associés, pour nous
nous n’étions pas pareils.
former à la prospection, à la posture, etc. C’était
Mais y a-t-il eu tout de même une volonté
d’évoluer ou d’être accompagné dans le
management ?
bien. Mais les associés gérants ne se sont pas
demandé si eux avaient besoin d’être coachés et ils
ne l’ont pas été. C’est dommage : la démarche était
bonne, mais incomplète.
"
Et aujourd’hui, seriez-vous plus mé昀椀ante face à
ce genre de situation ?
Aujourd’hui, vous êtes en solo. Est-ce que cette
expérience a motivé ce choix ?
Oui, complètement. Et je suis désormais dans
des locaux uniquement entourée de femmes.
Ce n’était pas volontaire au départ, mais je me suis
rendu compte que ça me convenait parfaitement.
Plus de ré昀氀exions déplacées. Et tout est plus sain.
Cette mauvaise expérience vous a-t-elle
refroidie à l’idée de manager un jour ?
Non. J’aime ça, et je pense que je le ferais
différemment. Je solliciterais des retours, peutêtre un audit externe, pour mieux me situer.
Mais je partirais toujours de la communication,
de l’échange.
Oui. Je prendrais des informations, des
recommandations, pour ne pas me retrouver
dans la même situation. Car on en ressort abîmé.
Certaines collègues sont parties du cabinet avec
une perte de con昀椀ance durable.
L’un des associés gérants m’a dit que je
n’arriverais jamais dans ma vie à tout combiner :
ma position d’associé, mon souhait de ne pas
rentrer trop tard pour m’occuper de mes enfants,
pour passer du temps avec mon époux… Et cette
phrase est restée longtemps en moi. Il m’a fallu un
an pour la sortir de ma tête.
C’est fou comme certaines remarques peuvent
s’ancrer profondément. Ce sont des microagressions constantes.
Vous seriez donc dans une posture plus
horizontale ?
Oui. Il faut redescendre d’un cran, se mettre au
même niveau humainement, écouter ce que l’autre
peut apporter. De mon côté c’était très vertical,
descendant.
Mais lors des recrutements vous n’aviez pas eu
de signes qui auraient pu vous alerter ?
Avant mon arrivée, il y avait eu une vague de
départs, trois ou quatre d’un coup. On m’avait dit
que ces personnes « n’étaient pas faites pour le
métier ». Mais avec le recul, c’était un vrai signal.
25
Exactement. Ce n’est pas un acte violent unique,
mais une somme de petites attaques régulières.