LexMag 7 - Magazine - Page 26
Maître Bouzrou se dé昀椀nit
comme « l’avocat des libertés ».
Et vous n’aviez aucun avocat dans votre
entourage…
Parler clairement, aller droit
au but et revendiquer une communication de riposte. Il parle
quand c’est nécessaire et se tait
lorsqu’il le juge nécessaire
ou utile. La médiatisation est
une arme à double tranchant,
parfois indispensable pour
rétablir une vérité, contrer
une version biaisée ou donner
une voix à ceux qu’il défend.
Non, ni de près ni de loin. Ce n’était pas une profession dont on parlait. Mes premières 昀椀gures d’inspiration, je les ai trouvées à la télévision et au cinéma.
Et puis, plus tard à la fac, j’ai eu la chance de rencontrer des universitaires et des avocats qui m’ont
éclairé sur la réalité du métier. Mais pour moi, cela
a toujours été une évidence : je voulais être avocat
pénaliste. Je n’ai jamais envisagé un autre métier.
Vos affaires vous ont rapidement exposé aux
médias. Avez-vous travaillé votre image ?
Pas du tout. La médiatisation ne se maîtrise pas.
Elle dépend beaucoup du hasard des dossiers.
On peut être un excellent avocat et rester inconnu
si l’on n’a pas la charge d’une affaire qui attire l’attention. Mon premier dossier médiatisé, c’était l’affaire
Abou Bakari Tandia, un sans-papiers mort en garde
à vue à Courbevoie, ma ville d’enfance. Ce dossier
m’est arrivé par hasard et il a marqué le début de
cette exposition.
Investi, 昀椀dèle à ses convictions,
il fait de chacun de ses dossiers
un combat pour la défense des
droits fondamentaux et le respect des libertés ; un échange
inspirant à découvrir sans plus
attendre…
Comment gérez-vous cette médiatisation ?
Je ne communique que dans des cas précis, quand
c’est dans l’intérêt de mon client. C’est ce que
j’appelle la « communication de riposte ». Lorsque
le parquet s’exprime, lorsque des versions fausses
circulent, il faut rétablir une vérité. Mais je sais aussi
me taire quand toute parole serait contre-productive, comme dans l’affaire Ramadan. La clé, c’est de
sentir quand parler et quand se taire.
Sandrine Jacquemin : Comment en êtes-vous
arrivé au droit ? Car si on considère le milieu
dans laquelle vous avez évolué, rien ne vous
prédestinait à devenir avocat.
Yassine Bouzrou : Les situations injustes que je
voyais autour de moi, ou dont j’ai pu être victime
me révoltaient. Je ne supportais pas l’injustice.
Très jeune déjà, je passais mon temps à défendre
les autres : à l’école, dans la cour de récréation,
auprès de mes amis, de ma famille. Je cherchais
toujours des arguments, des circonstances
atténuantes. Et puis j’ai compris qu’il existait un
métier pour défendre ces injustices : avocat.
Pour conclure, la médiatisation peut-elle aussi
avoir un impact positif ?
Oui, clairement. Un article de presse peut accélérer un dossier. Il est facile pour un juge de ne
pas répondre à un avocat. Il est beaucoup plus
di昀케cile d’ignorer un problème quand il est exposé
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