LexMag 7 - Magazine - Page 27
"
Je suis profondément
attaché aux libertés
fondamentales.
Or je constate chaque
jour des violations
de la présomption
d’innocence ou du
contradictoire.
"
publiquement. Dans ces cas-là, l’opinion publique
devient un observateur extérieur, et cela réduit
considérablement les dysfonctionnements.
Vous avez la sensation de faire face à des procureurs virulents ?
Oui, j’ai connu des situations d’une extrême violence.
Dans l’affaire de Montfermeil par exemple, après la
diffusion d’une vidéo de violences policières, le procureur a tenu des propos choquants, allant jusqu’à
mettre en cause mon client uniquement à cause
de son nom. Face à cela, j’étais obligé de rétablir la
vérité publiquement. Dans ces cas-là, la communication n’est pas un choix, mais une nécessité.
Cela oblige les journalistes à en tenir compte.
On vous décrit souvent comme « l’avocat des
libertés ». Que signi昀椀e ce terme pour vous ?
C’est simple : je suis profondément attaché aux
libertés fondamentales. Or je constate chaque jour
des violations de la présomption d’innocence ou du
contradictoire. Qu’un juge dise « monsieur est dans
le déni », qu’un policier écrive qu’un mis en examen
est chef de réseau sans conditionnel, c’est une violation de la loi. Mon rôle est de rappeler que le droit
impose le respect des libertés.
Selon vous, tout est-il défendable ?
Oui, tout est défendable. Mais cela ne veut pas dire
que je prends tous les dossiers. Si je sais que je ne
serai pas un bon avocat pour un client, je préfère
décliner. Mais sur le principe, il y a toujours une
défense possible.
Et si vous n’aviez pas été avocat ?
J’aurais aimé un métier artistique.
Malheureusement, je n’ai pas le talent ! Mais dans
une autre vie, je serais sans doute devenu artiste.
Et selon vous, les réseaux sociaux ont-ils changé
la donne ?
Oui, ils (les réseaux sociaux) ont rééquilibré le
rapport de force. Avant, la parole du parquet était
reprise à 99 % par certains médias. Aujourd’hui,
grâce aux réseaux sociaux, une information que
l’on tente de cacher 昀椀nit toujours par circuler.
À (re)voir
"Les Misérables", premier
long-métrage de Ladj
Ly, est né d’un fait réel,
une bavure policière à
Montfermeil, sur Abdoulaye
Fofana, en 2008. Yassine
Bouzrou a tenu son rôle
dans le dossier. Il a obtenu
la condamnation des
policiers.
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