Lexmag Numéro 6 spécial été - Magazine - Page 29
au collège, où ça s’est imposé un peu comme une
évidence, comme une possibilité de parcours.
Il faut préciser que je n’ai pas de professionnels
judiciaires dans ma famille, donc je suis le premier
avocat. J’ai constitué mon réseau par le biais de
mes études puis de mon exercice professionnel.
Avocat engagé, amoureux des
libertés fondamentales et 昀椀n
observateur de notre époque,
Vincent Brengarth mène une
ré昀氀exion claire et sensible sur
les transformations à l'œuvre
dans le monde du droit.
L’envie est arrivée au collège lorsqu’il y a eu
cette découverte du droit, notamment par les
procédures. J’étais délégué de classe, j’assistais
parfois des élèves dans le cadre de conseils
de discipline, et ça m’a révélé l’importance
des procédures, du contradictoire, et aussi
la nécessité pour les personnes concernées,
même quand les fautes sont reconnues, d’être
accompagnées par des soutiens psychologiques,
des gens de leur côté.
Dans cette interview, il
revient sur son parcours, son
dévouement à la transmission
et sa peur croissante de
l'intelligence arti昀椀cielle. Non
pas tant pour ce qu'elle est
techniquement mais pour ce
qu'elle menace d'effacer : le bon
artisanat du raisonnement, la
construction patiente et lente
de la pensée, et la connexion
humaine irremplaçable.
Puis l’ambition s’est précisée. On en parlera peutêtre, mais dès l’université j’avais une appétence
particulière pour les libertés publiques, avec cette
idée d’un droit qui peut être un outil au service
d’une cause.
Quand je vous écoute, j’ai la sensation que vous
êtes en accord avec ce que vous souhaitiez être et
incarner petit : la défense des libertés.
Un raisonnement dense et
incarné, questionnant nos
choix collectifs, nous appelant
à préserver ce qui, dans le
droit et ailleurs, nous rend
profondément humains.
C’est tout à fait juste. Il y a un accord professionnel.
Comme je le disais, dans mon milieu familial, il n’y
avait pas d’avocat, même au sens large. C’est une
profession qui m’a attiré, et j’en ai eu con昀椀rmation
notamment lors de journées portes ouvertes,
à l’époque du collège, où un parent d’élève était
avocate. Et même si elle m’a averti sur le fait que
ce serait très di昀케cile, aussi bien l’accès que les
conditions d’exercice, rien ne m’en a dissuadé.
Sandrine Jacquemin : Comment en êtes-vous
arrivé à devenir avocat ? Était-ce une vocation
ou le fruit du hasard ?
De plus j’ai toujours été intéressé par la politique
au sens général du terme — pas la politique
partisane. C’est une composante d’engagement.
Et ce que j’ai perçu au cours de mes études, c’est
qu’il y avait la possibilité d’objectiver les choses
par le débat juridique tout en restant engagé.
L’un n’efface pas l’autre. Le droit peut être au
Vincent Brengarth : C’est venu d’une façon assez
naturelle. Pour l’anecdote, mon arrière-grand-mère
maternelle avait prédit alors que j’étais assez petit
que je deviendrais avocat — et ça s’est révélé par la
suite. Mais véritablement, la vocation est apparue
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