LexMag 7 - Magazine - Page 39
Le parquet de Bobigny est l’un des
plus sollicités de France : cinquante
audiences pénales par semaine, une
centaine de gardes à vue par jour et
jusqu’à dix sollicitations médiatiques
quotidiennes.
Sandrine Jacquemin : Pour commencer, comment
êtes-vous arrivé à la magistrature ? Était-ce une
vocation ?
Conscient de l’importance de la
communication judiciaire, le Parquet
a dé昀椀ni un cadre clair dans une note
qui nous a été transmise. Elle dé昀椀nit la relation avec les médias qui
repose sur quatre piliers : la transmission d’informations factuelles
et impartiales, une parole sincère
et pertinente, la construction d’une
con昀椀ance réciproque et la possibilité
de communiquer aussi sur des sujets
d’intérêt général liés au fonctionnement de la justice.
Le parquet s’appuie sur son secrétaire général pour répondre aux journalistes, organise ponctuellement
des points presse ou communiqués
a昀椀n d’éviter la propagation d’informations inexactes, et développe une
communication proactive sur les
réseaux sociaux pour valoriser ses
actions. Éric Mathais, Procureur de la
République près le tribunal judiciaire
de Bobigny, a accepté de répondre
à nos questions avec précision et
honnêteté.
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Éric Mathais : J’ai un grand-père qui était notaire.
J’avais une relation très étroite avec lui et j’avais
beaucoup d’admiration. C’est en partie pour cela
que j’ai commencé des études de droit. Il est
décédé après avoir revendu son étude. Souvent
je me dis que si ça avait été possible, j’aurais sans
doute repris son étude. J’hésitais aussi avec des
études d’histoire, j’aurais aimé être professeur.
Finalement, j’ai étudié le droit, un peu in昀氀uencé
par mon grand-père. J’étais plutôt intéressé par le
droit civil et j’hésitais entre avocat et magistrat.
J’ai préparé le concours de la magistrature avec
un ami. Nous avons travaillé ensemble et je l’ai
réussi un peu avant lui. J’aurais pu être notaire ou
avocat, mais c’est 昀椀nalement la magistrature que
j’ai choisie.
Donc ce n’était pas une vocation déterminée dès
l’enfance ?
Non, pas du tout. Enfant, je ne me suis jamais dit
« je veux être magistrat ». C’est venu progressivement. Pendant le stage juridictionnel à l’ENM, j’ai
découvert le parquet. Et j’ai constaté que c’était là
que l’on travaillait le plus en équipe, ce qui correspond bien à mon caractère. C’est aussi une fonction
très diversi昀椀ée et ouverte sur la société. Cela m’a
convaincu de devenir procureur.
Vous êtes procureur depuis plus de trente ans.
Comment voyez-vous l’évolution de la communication des magistrats avec les médias ?
J’ai commencé en 1990. À l’époque, la parole du
procureur était rare et la communication peu organisée. Ce n’était pas très bien vu, même. La justice
s’exprimait surtout par ses audiences. Aujourd’hui,
c’est totalement différent. Si on ne communique
pas, des choses fausses circulent, ampli昀椀ées par
les réseaux sociaux. Tout procureur sait désormais