Numero 5 Lexmag - Flipbook - Page 41
Un jour, une avocate m’a tendu un livre : Cessez
d’être gentil, soyez vrai de Thomas D’Ansembourg.
Ce fut un déclic. À l’époque, j’étais admirée
professionnellement, j’avais une belle carrière, mais
à l’intérieur, quelque chose était éteint. J’endossais
trop souvent une carapace. Il m’arrivait d’aller
pleurer dans les toilettes entre deux réunions pour
retrouver un peu de moi. Ce livre m’a ouvert une
porte. Et j’ai alors enchaîné les modules de CNV.
Nous avons rencontré Nathalie
Simonnet, ancienne avocate
d’affaires devenue médiatrice,
formatrice en communication
non violente (CNV) et dirigeante
de l’Institut Émergence
spécialisé dans la formation
de médiateurs avec la CNV.
Un échange dense, sans détour,
où l’on parle posture, écoute,
transformation intérieure…
et avocats en survie.
La découverte de
" la CNV pour moi ?
Une révélation,
comme un retour
à la maison, une
évidence !
Et ce lien entre le droit et la CNV, vous l’avez
cultivé ?
Absolument. Le droit m’a donné une première
structure, une clé pour plus d’équité. La CNV m’a
permis d’aller plus loin, d’accueillir l’humanité dans
les relations. On ne se contente plus d’être un
« sujet de droit » : on devient un être reconnu dans
ses émotions, ses besoins, sa complexité. Ça a été
une bascule.
À quel moment la médiation est-elle entrée
en scène ?
Au moment où je devenais mère. J’avais besoin
de remettre du sens dans ma vie. Une collègue
m’a emmenée à un petit déjeuner sur la médiation
judiciaire : J’y rencontrais pour la première fois
des médiateurs. J’ai su tout de suite : c’était ma
terre. Même si c’était dans un cadre très juridique,
j’ai adoré leur posture, leur volonté de relier les
humains. J’ai commencé à me former, d’abord
timidement en parallèle du cabinet. Mais très
vite, j’ai plongé avec cette intention, chevillée aux
tripes, d’approfondir cette posture de tiers : servir
l’impartialité, écouter l’unité derrière la violence de
certaines dualités. Et puis avec la CNV, la médiation
prenait toute sa dimension : la proposition n’était
pas de transformer les autres, mais d’être au
contact de soi pour accompagner les autres à
être au contact d’eux-mêmes. Alors les nœuds se
dénouent. Je pouvais m’incarner autrement, faire
évoluer ma posture.
"
Sandrine Jacquemin : Vous avez commencé
votre carrière dans le droit, juriste pendant dix
ans puis avocate pendant plus de quinze ans.
Qu’est-ce qui vous a menée vers la médiation
et la communication non violente ?
Nathalie Simonnet : J’ai débuté en entreprise, à la
direction juridique d’un groupe de télécoms. J’ai
managé des juristes, des avocats… Puis, j’ai rejoint
un grand cabinet parisien, presque par hasard,
après avoir été « chassée » pour un contentieux. Je
connaissais très bien les besoins des clients de ces
cabinets : j’en faisais partie. Ensuite, j’ai monté mon
propre cabinet. Mais il me manquait quelque chose.
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