Lexmag Numéro 6 spécial été - Magazine - Page 42
Le temps gagné grâce à l’IA doit servir à nourrir
" les relations par une meilleure animation.
"
été publié, ainsi qu'un guide de choix des outils d'IA
générative, avec des critères de souveraineté et
de con昀椀dentialité. Les IA des éditeurs juridiques,
fondées sur des bases fermées, nous semblent
plus sûrs. J'ai testé les IA grand public, mais en
dehors de calculs simples, je n'ai jamais eu une
jurisprudence correcte.
Je crois à la médiation, mais elle ne peut pas être
imposée. L'obligation de médiation en matière
familiale a échoué. Pourquoi ne pas faire con昀椀ance
aux avocats pour apprécier l’opportunité d’y
recourir ? Pour certains justiciables, aller devant
le juge reste indispensable. L’imposer ne me parait
pas judicieux.
Les jeunes avocats sont forcément plus enclins à
utiliser l'IA, comment les accompagnez-vous ?
Quel conseil donneriez-vous à un étudiant ou un
jeune avocat ?
Oui, il faut encadrer. Des chartes d'usage ont été
mises en place, notamment à l'EFB, et déclinées
dans les écoles : demander l'autorisation au
cabinet, connaître la matière, véri昀椀er les sources.
Il y a aussi un paradoxe : les jeunes craignent
d'être remplacés, donc n'osent pas dire qu'ils
utilisent l'IA. Et on doit éviter l'appauvrissement du
raisonnement juridique. Il faut former dès la fac.
De prendre le temps. Aujourd'hui, on court après le
temps, mais il faut l'apprivoiser. Les IA permettent
de gagner du temps, mais ne doivent pas remplacer
la matière grise. Certains cabinets interdisent
même l'IA aux collaborateurs pendant les deux
premières années. Il faut prendre les bons ré昀氀exes,
former sa pensée. L'expérience vient ensuite.
Vous parlez aussi d'épuisement intellectuel…
Oui, à force de devoir produire de la "haute valeur
ajoutée" en permanence. On oublie que parfois,
traiter un dossier simple, déblayer son bureau, ça
fait aussi du bien. Il faut revaloriser cette part du
métier ; Et former au management ! Les jeunes
cherchent aussi du sens dans une collaboration.
Le temps gagné grâce à l’IA doit servir à nourrir
les relations par une meilleure animation.
Le gouvernement veut encourager la médiation.
Est-ce, selon vous, une solution d’avenir dans
un pays comme la France, où elle peine encore
à émerger ?
Avez-vous des craintes pour l’avenir de la
profession d’avocat ? Ou êtes-vous plutôt
con昀椀ante quant à son évolution ?
La profession change, mais elle reste attractive.
Il faut éviter l'érosion des talents. En 2017, on
nous annonçait la 昀椀n des avocats avec la justice
prédictive, mais nous sommes toujours là. Les
clients nous considèrent comme un tiers de
con昀椀ance. Si on garde notre humanité et notre
professionnalisme, on a toute notre place.
Et si vous n'aviez pas été avocate ?
J'aurais ouvert un restaurant. J'adore cuisiner,
marier les mets et les vins. La cuisine dit beaucoup
des gens. C'est un art du partage.
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