Lexmag Numéro 6 spécial été - Magazine - Page 45
les enjeux juridiques de leur encadrement.
L’idée est claire : faire de l’IA un levier, pas une
menace. Nos élèves apprennent à s’en servir avec
discernement, dans le respect des principes
déontologiques. L’objectif est de leur permettre
d’automatiser certaines tâches, de gagner en
e昀케cacité, tout en renforçant leur valeur ajoutée
humaine.
Selon vous, l’IA est-elle un levier ou un obstacle
pour valoriser les compétences humaines des
avocat(e)s ?
Un levier, sans l’ombre d’un doute ! L’IA libère du
temps, déleste des tâches répétitives, permet
d’aller plus vite sur certains points techniques.
Mais ce qu’elle ne remplace pas – et ne remplacera
jamais –, c’est la 昀椀nesse d’analyse, la relation
humaine, la capacité à comprendre un client, à
poser la bonne question, à adapter son langage.
L’IA met en lumière ce qui fait notre spéci昀椀cité
d’avocat : la compréhension de la singularité
d’une situation, la stratégie, l’écoute, l’éthique.
À condition bien sûr de l’appréhender comme un
outil, pas comme une béquille.
Quelles compétences humaines vous semblent
essentielles pour les avocats de demain face à
l’automatisation croissante ?
Plus que jamais : l’adaptabilité, la communication,
l’intelligence émotionnelle. Dans un monde
juridique qui évolue très vite, savoir s’ajuster,
expliquer clairement, faire preuve d’empathie,
c’est indispensable. Mais il y a aussi d’autres soft
skills à valoriser : l’esprit d’innovation, la gestion
des con昀氀its, la capacité à collaborer… Et bien sûr,
la rigueur éthique. Un bon avocat, demain comme
aujourd’hui, c’est quelqu’un qui comprend les règles,
mais qui sait aussi lire les situations humaines.
Comment préparez-vous les élèves-avocats à
conjuguer expertise technique et intelligence
émotionnelle dans leur futur exercice
professionnel ?
" Je dis souvent à mes
élèves : ne vous contentez
pas de "devenir avocat",
posez-vous la question de
quel avocat vous voulez
être. Et ça, seul le terrain
peut le révéler.
"
Tout notre dispositif repose sur cette articulation.
Les ateliers pratiques les plongent dans des
situations réalistes, avec des simulations d’entretien
client, de réunion d’équipe, de négociation,
d’audience. Ils travaillent très souvent en groupe
ou en binôme, plaident en robe, apprennent à
gérer leurs émotions, à écouter, à reformuler.
Nous faisons aussi intervenir des professionnels
extérieurs : avocats et magistrats bien sûr, mais
aussi comédiens, médiateurs, o昀케ciers de police,
médecins légistes, chefs d’entreprise ou expert en
communication digitale et intelligence arti昀椀cielle…
Ce croisement de regards est précieux. À l’EDACS,
on ne transmet pas seulement un savoir, on forme à
une posture professionnelle.
Peut-on encore former un bon avocat sans l’aider
à développer des qualités comme l’écoute, la
gestion du stress ou l’intelligence relationnelle ?
Comment travaillez-vous ces aspects à l’EDACS ?
Clairement non. Le temps où la compétence
juridique su昀케sait est révolu. Le bon avocat est
aussi un professionnel équilibré, capable de gérer
ses émotions, de comprendre celles des autres,
d’interagir avec justesse. À l’EDACS, nous avons
intégré ces enjeux dans tous les volets de la
formation : les ateliers favorisent l’expression orale,
le travail en équipe, la prise de recul. Le format en
petits groupes, l’absence de notation systématique
pour chaque exercice et le retour croisé entre
pairs créent un climat de con昀椀ance propice au
développement personnel.
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