Lexmag Numéro 6 spécial été - Magazine - Page 54
Médiation d’entreprise :
Quand le « oui » cache un « non »
Le consentement à l’épreuve
du pouvoir
Le volontariat est un principe clé en médiation d’entreprise. Mais que
vaut un consentement donné à la demande d’un supérieur hiérarchique ?
Entre pression implicite et adhésion réelle, cette chronique explore un
paradoxe bien connu des médiateurs de terrain.
Tout commence par un coup de 昀椀l d’un Directeur Général. Il souhaite
organiser une médiation entre deux collaboratrices. Il parle de tensions
persistantes, de communication rompue, d’un climat devenu pesant dans
l’équipe. Puis il ajoute, l’air de rien : « Je leur ai dit que c’était important
qu’elles fassent une médiation. Elles ont accepté. »
Mais ont-elles vraiment dit oui ?
Dans le monde feutré du droit, la médiation rime avec liberté, volontariat
et accord éclairé. Le consentement est une évidence. Mais dans la vie de
l’entreprise, surtout quand la demande vient d’en haut… Consentement,
vraiment ?
La médiation, ce doux mot qui évoque la liberté de dialoguer, prend bien
souvent un léger parfum d’injonction…
Consentement a昀케ché, liberté contrariée
C’est précisément ce que j’ai rencontré dans cette affaire : deux salariées
qui avaient accepté la médiation… sans en vouloir vraiment. Elles étaient
crispées, inquiètes, mé昀椀antes. L’une parlait de « piège », l’autre d’« instrumentalisation ». Mais elles étaient venues. Parce que leur DG y tenait.
Parce qu’il est di昀케cile de dire non à un DG.
Que faire d’un consentement bancal ?
C’est là que le savoir-faire du médiateur entre en jeu. On pourrait s’arrêter
là, refuser la médiation au nom de l’éthique : « pas de consentement libre,
pas de médiation ». Ce serait pourtant passer à côté de ce que permet
un accompagnement 昀椀n, respectueux, progressif… quand un médiateur
expérimenté sait écouter ce qui n’est pas dit. En entretien individuel, j’ai
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