Numero 5 Lexmag - Flipbook - Page 61
Sandrine Jacquemin : Enseignement, recherche
et pratique, votre parcours est impressionnant ;
Vous êtes né dans le droit ou êtes-vous tombé
dedans par hasard ?
Professeur de droit, avocat,
arbitre, directeur de
formations internationales,
coach du Willem C. Vis Moot…
Louis Thibierge mène une
carrière dense et plurielle,
marquée par la passion de
transmettre, l’amour du
débat, et un goût profond
pour les mots. Celui qui rêvait
d’être pilote de chasse ou
ingénieur est « tombé » dans
le droit presque par accident,
poussé par un professeur
visionnaire. Depuis, il ne
l’a jamais quitté. Dans cet
entretien riche et vivant, il
revient sur son parcours,
ses convictions, l’impact de
l’intelligence arti昀椀cielle sur la
formation juridique, et la place
essentielle de la curiosité,
de la rigueur et de la langue
dans le métier de juriste. Une
rencontre inspirante avec un
enseignant-chercheur pour qui
le droit se vit, s’éprouve et se
partage — intensément.
Louis Thibierge : Non, c’est un accident. C’est
un choix totalement lié au hasard. J’ai suivi une
première scienti昀椀que avec l’idée d’être soit ingénieur
dans l’automobile, soit pilote de chasse, donc très,
très, très, très loin du droit. Mais lorsque j’étais en
première scienti昀椀que, un de mes professeurs m’a
fait réaliser que je n’étais pas un grand scienti昀椀que.
Il m’a donc conseillé de me diriger vers une terminale
littéraire, spécialité mathématique.
J’imaginais alors qu’en dehors de la 昀椀lière juridique,
il n’y avait point de salut, je pensais à tort que la
voie littéraire était une voie de garage. Mais je
me suis quand même laissé convaincre par ce
professeur qui était assez extraordinaire. J’ai
décidé de rejoindre une terminale littéraire avec
l’idée, sou昀툀ée par ce professeur, de faire du
commerce international.
Je suis arrivé en terminale L, et j’ai découvert
mon bonheur, une place dans laquelle on faisait
de la philosophie, dans laquelle on assistait aux
débats politiques de la Maison de la Radio, on allait
au théâtre, au musée, à l’opéra. J’ai découvert un
monde assez magni昀椀que. Mais je ne savais pas
encore vraiment vers quoi me diriger.
Et puis un jour, ce même professeur est venu avec
un petit prospectus, où était indiqué : « Devenez
avocat international », ce qui ne veut pas dire
grand-chose. Ce prospectus proposait une double
formation, à la fac de droit et dans une école de
traduction et d’interprétation qui s’appelait l’ISIT.
Je ne pensais pas pouvoir prétendre à cette
école puisque selon moi il fallait être bilingue de
naissance, ce qui n’est pas mon cas.
Ce même professeur — la vie est faite de rencontres
— m’a dit : « Mais tente toujours, tu n’as rien à
perdre. » Alors j’ai passé mon baccalauréat.
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