Numero 5 Lexmag - Flipbook - Page 63
suis battu pour ça et j’y ai pris goût. J’adorais aller
aux TD, échanger et débattre avec les chargés de
travaux dirigés.
C’est vraiment à ce moment-là que mon envie
d’enseigner s’est a昀케rmée. Je me suis dit : « Je veux
aller plus loin, faire une thèse, ne pas m’arrêter là ».
J’avais déjà en tête l’idée de devenir professeur.
Une seconde rencontre décisive a été celle de mon
directeur de thèse à Paris 1, Laurent Aynès, qui
m’a impressionné par sa puissance intellectuelle
exceptionnelle. Lui aussi arrivait en cours sans
notes, seulement muni du bulletin d’information de
la Cour de cassation. Cela a dé昀椀nitivement renforcé
mon envie de suivre leurs traces.
Alors pour revenir à votre question initiale, à
savoir ce qui m’anime dans l’enseignement, je ne
pense pas spontanément à « transmettre ». À mes
yeux, enseigner, c’est avant tout éveiller. Bien sûr,
transmettre des connaissances est essentiel,
mais ce n’est pas le principal. Ce qui compte
vraiment, c’est d’allumer une petite 昀氀amme chez
les étudiants, leur donner le goût et l’amour du
droit, les pousser à se dépasser, et jouer un rôle,
même modeste, dans leur parcours. Il s’agit de leur
insu昀툀er l’envie de progresser, d’aller plus loin, de
structurer leur raisonnement. Et cela constitue,
selon moi, un véritable bagage pour toute leur vie.
cabinet d’avocats que j’ai rejoint, en 2005, m’a fait
découvrir la pratique de l’arbitrage international.
J’y suis resté dix ans. Aujourd’hui encore, j’interviens
régulièrement comme arbitre ou expert dans des
tribunaux arbitraux situés en France et à l’étranger.
Pour moi, cette ouverture internationale n’est pas
tant une force qu’une forme d’agilité intellectuelle.
C’est stimulant : on apprend toujours de nouvelles
choses, on découvre d’autres cultures.
Je suis d’ailleurs persuadé que l’international
constitue aujourd’hui ce que l’on peut offrir de
mieux à nos étudiants.
Vous êtes aussi le coach de l’équipe d’AixMarseille pour le Willem C. Vis Moot, un concours
international de plaidoiries arbitrales en langue
anglaise. Qu’est-ce que cette expérience leur
apporte et pourquoi est-ce si important dans
leur formation ?
Je suis convaincu que la vie est faite d’une
multitude de petits hasards. D’ailleurs, celui qui m’a
mené au Moot est assez révélateur. Quand j’étais
en DEA, une petite a昀케che dans un couloir de la
Sorbonne annonçait la constitution d’une équipe
pour le Willem C. Vis Moot Course, un concours
d’arbitrage international en anglais. Deux mémoires
à rédiger et des plaidoiries à Vienne, avec deux
mille cinq cent étudiants.
Et qu’est-ce qui vous a motivé à ouvrir ces
formations à l’international ?
En la voyant, je me suis dit : « Pourquoi pas ? ».
Je revenais justement d’Angleterre, je maîtrisais
bien l’anglais, et l’idée de travailler la rhétorique
et de plaider m’intéressait beaucoup. J’ai donc
intégré l’équipe du Moot, et j’ai eu la chance d’être
sélectionné pour plaider. Je suis allé à Vienne,
où j’ai assuré quatre plaidoiries en anglais sur un
cas d’arbitrage international face à des équipes
venues du monde entier. Ça a été une expérience
formidable.
Je suis convaincu qu’aujourd’hui, il est impossible
de vivre totalement en vase clos. Certes, le juriste
strictement franco-français existe toujours, mais
notre métier implique de s’ouvrir à l’international.
Personnellement, j’ai suivi une formation déjà
orientée vers l’international, notamment grâce
à l’école de traduction que j’ai fréquentée. J’ai
ensuite passé une année en Angleterre pour obtenir
mon LLM, et intégré dans ma thèse de nombreux
éléments de droit comparé. Par la suite, le premier
Depuis que je suis professeur à Aix, un de mes
collègues en charge du Moot m’a d’abord proposé de
le rejoindre, puis, quelque temps plus tard, m’a passé
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