Numero 5 Lexmag - Flipbook - Page 64
Ces trois qualités
" réunies — rigueur,
curiosité et amour des
mots — constituent,
selon moi, le socle
indispensable pour
devenir un bon juriste.
en contact avec nous. Hier encore, j’ai reçu un
message d’une étudiante qui faisait partie de
l’équipe du Moot il y a deux ou trois ans, et qui
m’a écrit : « Maintenant, c’est moi qui coache
mon équipe ! ». Ce genre de témoignage fait
particulièrement plaisir.
"
le 昀氀ambeau. Aujourd’hui, c’est donc moi qui encadre
l’équipe d’Aix-Marseille. Je ne suis pas seul dans
cette aventure : il y a des enseignants vacataires et
des avocats à mes côtés, qui m’aident énormément.
Ce que j’apprécie particulièrement, c’est qu’on voit
véritablement grandir nos étudiants. C’est une sorte
de formation accélérée. C’est très prenant, puisqu’on
y consacre notre temps libre, mais extrêmement
enrichissant. Le Moot oblige les étudiants à travailler
en équipe, à mener des recherches approfondies,
à rédiger en anglais. Quand ils nous soumettent
leurs mémoires, on les scrute avec sagacité. On
les pousse dans leurs retranchements. On leur
apprend à structurer un véritable argumentaire.
Ils béné昀椀cient aussi du soutien d’un professeur
d’anglais qui les aide à améliorer leur prononciation,
leur voix, leur posture et leur gestuelle.
Ils participent à plusieurs concours préparatoires :
ils se déplacent à Londres, à Madrid, à Nice, et
s’entraînent également en visioconférence avec
d’autres universités. C’est impressionnant de
voir leur progression. Au début, ils sont souvent
hésitants, mais quand on les observe plaider
avec assurance face à une université de l’autre
bout du monde, on ressent une vraie 昀椀erté d’avoir
contribué, même modestement, à leur évolution.
Ce qui me réjouit aussi beaucoup, c’est de
constater que nos anciens « mooties » restent
Quand on vous écoute parler de votre parcours,
on ressent une vraie assurance dans tout ce que
vous entreprenez.
Non, je n’ai pas une con昀椀ance absolue en moi.
En revanche, ce que je fais, c’est que je vis
passionnément. J’essaie de le faire avec intensité.
Et moi, je trouve qu’on exerce, à mes yeux, le plus
beau métier du monde. L’enseignement, c’est
absolument extraordinaire. Parce que certes,
on transmet des connaissances, mais on crée
aussi un lien humain avec des étudiants qu’on
aide à s’émanciper, à grandir, à développer leur
raisonnement critique, et à s’élever.
Et avec l’arrivée massive de l’intelligence
arti昀椀cielle, avez-vous observé des changements
signi昀椀catifs chez vos étudiants ou dans
votre manière d’enseigner le droit ? Comment
percevez-vous concrètement l’impact de l’IA
dans votre métier ?
Je vais rester prudent sur ce sujet, car je pense
que nous n’avons pas encore assez de recul. On ne
perçoit pas tout, loin de là. Autant le plagiat était
relativement facile à repérer, autant aujourd’hui,
quand un étudiant utilise une intelligence
arti昀椀cielle, ce n’est pas toujours évident. Parfois,
on remarque seulement quelques anomalies,
disons-le poliment, dans les travaux rendus.
J’ai un avis plutôt partagé sur l’intelligence
arti昀椀cielle appliquée au droit. À titre personnel,
cela n’a pas fondamentalement changé ma manière
d’enseigner, mais cela in昀氀uence clairement le
travail demandé aux étudiants en dehors des
cours. Désormais, un étudiant peut se faire aider,
voire totalement remplacer, par une intelligence
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