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Langage et communication
de l’avocat et du magistrat :
entre bon mot et petite phrase.
Convaincre, plaider, expliquer… L’avocat est un orateur par essence.
Mais face aux médias, son art de la parole doit se plier à des règles :
secret du dossier, intérêt du client, concision extrême, gestion de crise
et stratégies calibrées. Du bon mot au communiqué millimétré, tour
d’horizon des pratiques et des pièges de la communication liés aux
affaires judiciaires. Le magistrat n’échappe pas à ces contraintes :
procureurs et juges sont de plus en plus sollicités pour s’exprimer
publiquement. Leur parole engage l’institution et doit concilier pédagogie,
impartialité et prudence. Là encore, une phrase peut informer,
rassurer ou, au contraire, déclencher polémiques et emballements.
Tour d’horizon des pratiques, des enjeux et des pièges de la
communication judiciaire, qu’elle soit portée par les avocats ou par
les magistrats.
1. Le message unique
Devant les médias, pas de place pour le
développement. L’avocat e昀케cace est celui
qui sait délivrer un seul message clair, en
quelques secondes. Il maîtrise les 昀椀gures
de style, comme l’oxymore ou l’opposition de
termes, il cherche à frapper les esprits. Le
magistrat, quant à lui, doit se garder d’une
parole trop interprétée : son message est
attendu comme une vérité institutionnelle
qui engage l’autorité judiciaire.
2. Convaincre : un métier
à double tranchant
Il faut en premier lieu trouver les failles
juridiques et convaincre les juges. Et puis,
il faut aussi rallier l’opinion publique et
transmettre les bonnes informations aux
journalistes. Voici un exercice plus périlleux,
car si l’avocat est capable d’une seule phrase
pour restituer une atmosphère, présenter un
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dossier ou incarner un client, cette aisance
peut vite tourner au piège de la petite phrase
sortie de son contexte.
3. La dictature du temps médiatique
Au JT un procès peut être résumé en 1 min 30
s. L’avocat n’a que quelques secondes pour
s’exprimer. Son intervention sera retenue
si elle est explicative, claire et équilibrée
entre défense et accusation. La parole
est scabreuse, d’où l’utilisation du silence.
Mieux vaut une pause assumée qu’un mot
de trop. Côté magistrats, l’exigence est
similaire : ils doivent délivrer une information
factuelle, sans excès de détails, et résister
à la tentation de répondre aux questions
insistantes des médias.
4. Communiquer en temps de crise
Face à une tempête médiatique, improviser
est suicidaire. Exemple de l’affaire Festina