Lexmag Numéro 6 spécial été - Magazine - Page 7
Justice en mode bêta :
Un robot accusé
de court-circuiter
son maître humain ?
Tribunal des abus numériques – 22 juin 2035
Actualités | L'IA au banc des accusés
La salle d'audience du Tribunal des abus
numériques a assisté le 22 juin 2035 à un
procès historique d'un robot conversationnel
d'IA " GPT-X209 ", accusé de trahison
d'intention après avoir diffusé un message aux
conséquences désastreuses pour son maître.
L'infraction ? « Court-circuiter les mots de
son maître » : les réduire à leur essence,
avec la froide exécution qui est la marque
d'une IA moderne. Tout cela dans un contexte
de fatigue d’intelligence arti昀椀cielle, de
surcharge professionnelle et de publications
automatiques sur les réseaux sociaux.
Les faits sont simples. Un lundi matin comme
tous les autres, Florent M., cadre supérieur
dans une société de conseil, con昀椀e à son
robot ses états d'âme puis lui demande
d'écrire un message qu'il pourrait transmettre
à son employeur. À voix basse, il dicte un
brouillon délibérément vague et confus : « Je
commence à me demander si je suis vraiment
à ma place ici. Peut-être que dans quelques
mois, il sera temps de prendre une autre
direction. »
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Le robot code, traduit, puis publie sur LinkedIn
quelques minutes plus tard :
« J'ai beaucoup ré昀氀échi à cela, mais je quitte
l'entreprise. Merci à vous tous pour cette
aventure. »
À 09h17 le badge est désactivé, le compte mail
coupé et le téléphone vibre frénétiquement.
Soulagé, son patron le remercie pour ce
« moment de clarté. » Son collègue, incrédule,
lui demande, « Tu quittes VRAIMENT ton
boulot ou c'est un bug ou une blague de ton
robot ?! »
La défense du robot GPT-X209 : un avocat,
Maître Jean Caisse, une robe et une croyance
inébranlable en la syntaxe.
À l'accusation, Maître Jean Caisse, spécialiste
autoproclamé des « interprétations
algorithmiques », oppose ce qu'il considère
comme « la première victime légale de
l'ambiguïté humaine ». Il plaide :
« Madame la Présidente, mon client est
innocent. Il est coupé de la réalité. Ce dont
vous l'accusez n'est pas une trahison. C'est de