LexMag 7 - Magazine - Page 85
Dernier point, les fonctionnalités. Nous sommes
passés du tandem « requête — liste imprimée » à des
services qui résument un arrêt, génèrent un dossier
de plaidoirie, auditent des 昀椀chiers hétérogènes, segmentent une décision par motifs ou articles cités.
L’IA a rendu la recherche plus précise, plus 昀椀ne et
donc, pour l’avocat, in昀椀niment plus e昀케cace.
La technologie n’a-t-elle pas 昀椀ni par faire perdre en
e昀케cacité ?
Au contraire, elle a fait passer un cap à la recherche.
Et ce n’est pas dû qu’à l’IA. Des nouveaux acteurs ont
mis un coup de pied dans la fourmilière au début
des années 2020 avec ce qu’ils appellent euxmêmes la « googlisation » du moteur : la recherche
façon Google que ma génération attendait depuis
vingt ans. Ça a obligé tout le monde à améliorer ses
moteurs. Avant, je me disais : « On a des mines d’or
sous la main, mais on ne trouve pas le 昀椀lon. »
Cela a forcément modi昀椀é les attentes des utilisateurs… Ou peut-être que la question est mal
posée ?
Évidemment. L’utilisateur est devenu beaucoup
plus exigeant : trois secondes pour a昀케cher des
résultats lui paraissent déjà longues ; il veut une
réponse immédiate, pertinente et richement
maillée. C’est l’effet pervers de la googlisation :
s’il n’obtient pas « une » réponse, il conclut que
la base est mauvaise, même quand, en droit,
l’absence de réponse est la réponse.
Parfois, oui, la question est mal posée. Mais cet
usage change tout : on veut le texte, la jurisprudence et, si possible, la doctrine, dans un même
clic. Or certaines bases, surtout celles axées
« texte », peinent encore à intégrer la doctrine ;
c’est la vraie fracture entre un éditeur traditionnel
et une legal tech.
"
Quand je suis arrivé dans
le métier, en 1994, on
travaillait encore sur papier
et sur les premiers CD-ROM
et disquette ; désormais
nous parlons d’intelligence
arti昀椀cielle. Les progrès
sont spectaculaires.
"
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