Lexmag Numéro 6 spécial été - Magazine - Page 90
Clara – "On ne s’arrête pas de rêver à 18 ans"
Car ces transports ne sont pas médicaux au sens
strict : il ne s’agit pas d’emmener un patient à
l’hôpital, mais de l’accompagner pour réaliser un
souhait personnel. Or, les ambulances sont très
encadrées par la loi. « On était hors cadre. Il a
fallu tout imaginer : étudier la faisabilité juridique,
analyser la réglementation, s’inspirer d’exemples
étrangers, et bâtir une structure contractuelle
adaptée. »
Clara connaît bien le monde associatif. Avant de
cofonder L’Ambulance des rêves, elle a travaillé
pour Make-A-Wish France, qui exauce les vœux
d’enfants gravement malades.
Mais une question la hante : pourquoi rien n’existe
pour les adultes ?
« On ne s’arrête pas de rêver à 18 ans », dit-elle
simplement.
Avec son équipe, Thomas élabore les premières
conventions de partenariat avec les hôpitaux,
rédige des formulaires de décharge, conseille sur
la responsabilité, et aide à sécuriser chaque rêve –
même ceux qui arrivent… au dernier moment.
Quelques années plus tard, alors qu’elle vit au
Vietnam, elle découvre un article sur l’association
Ambulancewens aux Pays-Bas, qui transporte des
personnes en 昀椀n de vie pour réaliser un souhait.
Le déclic est là.
« Un jour, Clara m’appelle : l’ambulance est tombée
en panne. Ils en trouvent une autre, mais pas de
contrat. Au regard des enjeux, il fallait quand
même protéger l’association, tout en se montrant
pragmatique. On a donc bricolé en urgence un
accord a minima pour couvrir tout le monde. »
De retour en France, elle décide de lancer une
initiative similaire avec Maxime Bolou. Mais très vite,
la réalité administrative rattrape l’élan du cœur.
« En France, déplacer une ambulance, même pour
un rêve, c’est un casse-tête réglementaire. Il faut
des agréments, des conventions, une coordination
avec les hôpitaux... On a vite compris qu’il allait
falloir s’entourer. »
Des rêves à réaliser… vite
Le temps est une donnée clé dans cette aventure.
« Nos béné昀椀ciaires sont souvent en unité de soins
palliatifs. Entre la demande et la réalisation du
rêve, il peut se passer à peine quelques jours »,
explique Clara.
Heureusement, l’association croise la route
du cabinet Latham & Watkins, qui accepte de
les accompagner pro bono. C’est le début d’un
partenariat solide… et d’une aventure hors normes.
Chaque cas est unique. Chaque rêve demande
un travail de coordination express : mobilisation
des équipes, validation médicale, logistique du
transport, soutien des proches.
Thomas – "Une activité non encadrée
juridiquement"
Quand L’Ambulance des Rêves arrive chez Latham
& Watkins, l’association n’est même pas encore
structurée.
« Même si, parfois, le rêve ne peut pas se faire, le
simple fait d’en parler, d’imaginer, de se projeter…
« On a reçu ce dossier un peu atypique, se souvient
Thomas Doyen, associé en restructuring. C’était un
cas passionnant, mais juridiquement… il ne rentrait
dans aucune case. »
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