LexMag 7 - Magazine - Page 92
Stéphane Jacquier
connaît les arcanes de
l’information juridique
comme peu d’autres.
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Observateur attentif de l’essor de l’intelligence
arti昀椀cielle appliquée au droit, il partage son
regard sur l’évolution du métier et sur la place
que doivent garder les documentalistes face
aux nouveaux outils.
Propos recueillis
par Sandrine Jacquemin
Sandrine Jacquemin : Depuis plusieurs années,
vous travaillez au cœur des bases de données
juridiques. Quels changements majeurs avez-vous
observés dans leur conception et dans leur usage
depuis 20, 25, 30 ans ?
Stéphane Jacquier : J’ai commencé avec des
CD-ROM en 2X. C’était assez lent. Tu posais une
question, tu allais prendre un bon café et au retour,
tu avais quelques arrêts. C’était déjà une avancée
énorme que d’avoir accès au texte intégral, même
si c’était une version très « listing ». Le vrai changement, ça a été internet, 昀椀n des années 90, début
2000. J’ai eu un accès internet personnel dès 1993,
donc j’ai bien vu le basculement. Au départ, je
fréquentais Usenet, des forums qui ressemblaient
aux chats actuels. Puis tout a évolué : ergonomie,
rapidité, richesse des contenus.
Le mobile a aussi transformé les usages ?
Le téléphone a changé énormément de choses.
Les avocats consultent sur leur smartphone,
échangent sur WhatsApp ou Teams, et effectuent
leurs recherches Google. C’est devenu le premier
écran. Pourtant, les éditeurs n’ont jamais vraiment
développé d’applications iPhone ou Android performantes. C’est un vrai manque, car ce « device » est
dans la poche de tout le monde.
Selon vous, a-t-on basculé d’un outil de consultation à un véritable outil d’aide à la décision ?
Ça dépend. Certaines bases, comme Darts-IP en
propriété intellectuelle, ont développé des outils
prédictifs : tu entres les données d’une affaire et tu
obtiens un pourcentage de chances de succès. Cela
peut aider un avocat à dire à son client : “Vu votre
dossier, il vaut mieux « transiger »“. Mais la majorité
des bases restent sur une logique documentaire.
Aujourd’hui, je m’en sers surtout pour l’intelligence
économique : comprendre les contentieux d’un
prospect, son portefeuille de litiges, connaître
ses avocats.
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