LexMag 7 - Magazine - Page 93
Cela veut dire que les bases accompagnent
le business development ?
Complètement. De notre côté, nous les utilisons
pour préparer des rendez-vous, cibler des prospects, a昀케ner un pitch. C’est une autre dimension
du métier. Mon équipe, pourtant petite, est perçue
comme stratégique : on anticipe, on produit de la
veille juridique et économique qui alimente directement la stratégie des associés et des équipes
d’avocats.
Avec l’automatisation et l’IA, comment garantir
la 昀椀abilité et la pertinence des données ?
C’est une vraie question. La 昀椀abilité est cruciale.
Parfois, il faut tout redécomposer pour véri昀椀er
que l’IA n’a pas commis d’erreur. La formation des
jeunes est aussi un enjeu. Beaucoup arrivent sans
connaître les méthodes de recherche, sans culture
du papier ou des archives. Or, la valeur humaine
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reste indispensable : l’IA peut analyser vite, mais elle
ne remplace pas l’expérience, la stratégie, la 昀椀nesse
d’un raisonnement.
Selon vous, l’IA conversationnelle pourrait-elle
remplacer la recherche classique par mots-clés ?
Non. Le mot-clé reste fondamental. Le droit,
c’est comme des tiroirs avec des étiquettes.
Les hashtags, les libellés, c’est structurant. Le
conversationnel peut compléter, mais il y a trop
de risques d’erreurs si la donnée est mal indexée
ou mal a昀케chée.
Les attentes sont donc de plus en plus importantes. Que recherchent les utilisateurs : rapidité,
pertinence, personnalisation ?
Les trois. La rapidité, c’est obligatoire. La pertinence est vitale : tomber à côté, c’est perdre la
con昀椀ance de l’utilisateur. Et la personnalisation
devient clé, car chacun veut que l’outil colle à son
besoin spéci昀椀que.
Et l’open data a-t-il réellement tenu ses
promesses ?
Certaines bases,
[...] ont développé
des outils prédictifs :
tu entres les données
d’une affaire et tu obtiens
un pourcentage de
chances de succès.
Cela peut aider un avocat
à dire à son client :
« Vu votre dossier, il vaut
mieux “transiger“ ».
Mais la majorité des bases
restent sur une logique
documentaire.
Oui et non. L’open data est indispensable pour modéliser et faire de la statistique. Plus il y a de décisions,
plus les outils d’IA sont puissants. Mais dans les faits,
les retards et les arrêtés qui repoussent les mises en
ligne freinent encore la promesse.
Comment utilisez-vous concrètement ces outils
dans votre pratique quotidienne ?
Aujourd’hui, mon utilisation est plus en matière
d’intelligence économique que purement juridique.
70 % de mon travail, c’est de l’IE, de l’analyse stratégique, de la veille sectorielle. Par exemple, on a
monté un modèle prédictif en biotechnologie :
en entrant des données sur le chiffre d’affaires,
la dette, les brevets, les essais cliniques, on identi昀椀e les entreprises qui vont devenir intéressantes
comme cibles. On avait ciblé cinquante sociétés,
trente-cinq ont effectivement été rachetées.
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