LexMag 7 - Magazine - Page 96
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Stéphane Cottin,
la parole d'un expert
en documentation sur
un monde en pleine
mutation.
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Entretien
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Chef du service de la documentation et de l’aide à l’instruction au Conseil
constitutionnel, enseignant à Paris 1 et 昀椀gure emblématique du monde
documentaire, Stéphane Cottin porte un regard lucide sur l’évolution des bases
de données juridiques. Des pionniers oubliés des années 1950 à l’essor de
l’intelligence arti昀椀cielle, il retrace une histoire faite d’innovations techniques,
de normalisations inachevées, de risques liés à l’IA générative… et rappelle avec
force l’importance de l’expertise humaine.
Propos recueillis
par Sandrine Jacquemin
Sandrine Jacquemin : Quels changements majeurs
avez-vous observés dans les bases de données
depuis que vous travaillez ?
Stéphane Cottin : J’ai envie de dire qu’il n’y a pas eu
de changement dans les méthodes et dans les techniques. Le métier de la documentation juridique
depuis 50 ans est en avance. Les premières bases
de données au monde sont juridiques. En 1958, la
base CASS existait déjà, alors même que le mot
« ordinateur » n’était pas stabilisé. Pierre Catala et
Lucien Mehl, les grands pionniers de l’informatique
juridique ont tout inventé, également des pionniers
comme André Dunes, Jean-Paul Buffelan-Lanore,
ou encore Louise Cadoux, ont inventé des outils qui
sont encore utilisés aujourd’hui. On a un peu oublié
leurs noms, mais ils sont essentiels. Dès les années
1950, ces bases évoluent. Internet a accéléré les
choses, mais le mouvement est resté continu. Pour
moi, le vrai sujet dans la conception c’est la normalisation, on a encore beaucoup de choses à faire
sur la normalisation des données, des structures
et dans l’identi昀椀cation des documents. Et puis il
y a également l’accès à l’information juridique qui
est un levier de défense idéologique, la « lutte »
contre la common law (ou, vu de façon plus positive,
la promotion du droit continental), toujours avec
la normalisation internationale de la structuration
des données (norme LegalDocML), et les cadres de
relations entre notions… On est au milieu du gué.
Beaucoup reste à faire.
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