LexMag 7 - Magazine - Page 97
Et du côté des usages, qu’est-ce qui a changé ?
Beaucoup de choses ont changé. Quand j’ai commencé la recherche documentaire, c’était avec
des ingénieurs en blouse blanche. J’ai appris à lire
des cartes perforées. C’était très cher, réservé à
quelques spécialistes. Aujourd’hui, on veut rendre
l’accès grand public — mais ce n’est pas encore
complètement le cas. Avec l’IA, on essaie de l’être,
mais on biaise.
Le risque, c’est qu’avec l’open data et des outils
comme ChatGPT, chacun se déclare juriste en lisant
une réponse produite automatiquement. On oublie
les limites et les risques — y compris pénaux : certains essaient de revendre de l’information juridique
trouvée gratuitement en ligne, alors qu’ils n’en ont
pas forcément toujours le droit ou la légitimité.
Qu’est-ce qui a le plus évolué : les contenus,
technologies ou attentes des utilisateurs ?
Un peu tout, mais surtout les attentes. Les contenus, eux, n’ont pas fondamentalement changé :
depuis toujours, les éditeurs ont développé des
listes structurées de mots-clés, des sommaires,
des hypertextes. D’ailleurs, les hypertextes existaient dans le droit bien avant Vannevar Bush : dès
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Le risque, c’est qu’avec
l’open data et des outils
comme ChatGPT, chacun
se déclare juriste en lisant
une réponse produite
automatiquement.
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les années 1930-40, le Secrétariat général du gouvernement liait textes d’application et lois.
La technologie a accompagné et parfois anticipé.
Mais les utilisateurs, eux, sont devenus extrêmement exigeants. Aujourd’hui, ils veulent une réponse
avant même d’avoir posé la question. Ils espèrent
que tout sera prêt à l’emploi, alors que le droit
demande une quali昀椀cation et une contextualisation.
On glisse d’un outil de consultation à un outil d’aide
à la décision selon vous ?
Je préfère éviter d’utiliser ce terme « d’aide à la
décision ». Pour moi, c’est « aide à l’instruction »,
pas à la décision. L’outil doit permettre d’éclairer,
d’instruire, pas de décider. Les décisions appartiennent aux juristes et aux magistrats, pas aux