Numero 3 Lexmag - Magazine - Page 33
Interview de Bruno Deffains
" L’innovation technologique ne peut pas
être appréhendée de manière isolée ;
il nous fallait croiser nos savoirs avec
ceux des ingénieurs spécialisés dans
le numérique.
"
formations longues. Ces formations intensives,
d'une durée de quinze à vingt heures sur
quelques jours, permettent à ces juristes et cadres
dirigeants de se familiariser avec les dernières
innovations technologiques, notamment
l’intelligence artificielle générative dédiée à la
pratique du droit, afin de les intégrer dans le
cadre de leurs responsabilités professionnelles.
au lendemain, car elle nécessitait un véritable
e昀昀ort d’acculturation mutuelle.
Cependant, nous avons réussi à faire en sorte
que la "mayonnaise prenne", pour reprendre
une expression courante. Cela n'a pas été facile,
mais le résultat est extrêmement prometteur.
Aujourd'hui, nous avons un programme
de formation sur deux ans, alternant cours
théoriques et pratique en entreprise, qui prépare
des juristes capables de dialoguer avec des
data scientists et des ingénieurs capables de
comprendre les enjeux juridiques. Ce n'est pas
une simple juxtaposition de compétences, mais
une réelle hybridation qui donne naissance à
un nouveau type de professionnel : le juristeingénieur ou l’ingénieur-juriste, spécialisé en
"Legal Engineering". C’est précisément l’objectif
de la prochaine étape que nous entendons
franchir à la rentrée 2025-26 en mettant en
place un Master en alternance spécialisé en
« Ingénierie juridique et économie numérique ».
L’objectif est de leur o昀昀rir une compréhension
globale de l’écosystème numérique, des
régulations qui se mettent en place — comme
l'IA Act ou le Data Act — et des défis posés par
ces nouvelles technologies, tout en restant en
phase avec la réalité européenne. Nous abordons
également la question de la régulation et de
l'éthique, qui sont des enjeux cruciaux dans ce
domaine. Cette o昀昀re de formation 昀氀exible répond
à une vraie demande du marché, notamment
auprès de professionnels qui, même après
plusieurs années de carrière, veulent continuer
à se former et à comprendre les grandes
transformations en cours.
Ce programme sera unique en son genre
et suscite déjà un grand intérêt de la part
des entreprises. Nous avons reçu de nombreuses
lettres de soutien de grandes sociétés, prêtes
à accueillir nos étudiants en alternance,
ce qui montre à quel point ces profils sont
attendus sur le marché.
[S.J] Vous êtes donc précurseur en matière
de formation sur l'IA dans le domaine du droit ?
[B.D] On peut dire que nous avons pris
conscience très tôt de l’importance de
l’intelligence artificielle dans le secteur
juridique. Aux États-Unis, l’IA s'est rapidement
intégrée au marché du droit, qui est très actif en
raison du système de Common law, qui repose
beaucoup sur le « traitement » de données
historiques (la jurisprudence). En Europe, et
particulièrement en France, le cadre juridique
[S.J] Et puis il y a aussi la Summer School ?
[B.D] Oui, nous avons aussi développé une
Summer School, sous la forme de Masterclass,
destinée à des professionnels plus expérimentés
qui n’ont pas toujours la possibilité de suivre des
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