Numero 4 Lexmag - Magazine - Page 13
Voyez-vous votre rôle comme celui d’un
simple soutien juridique ou d’un véritable
partenaire stratégique de l’entreprise,
le fameux « business partner » dont on parle
de plus en plus ?
lien avec les nouvelles compétences nécessaires :
la gestion de projets, la coordination de thématiques
transversales avec di昀昀érents métiers, et pas
seulement au sein du service juridique. Cela élargit
notre rôle bien au-delà des frontières traditionnelles
de notre métier. Aujourd’hui, nous devons être
alignés avec le reste des équipes business. Cela
signifie développer une culture orientée data, mettre
en place des ROI, des indicateurs de performance, et
savoir gérer nos budgets, nos outils, et nos équipes
de manière efficace. En d’autres termes, on nous
demande de gérer le juridique comme n’importe
quel autre service stratégique.
Pour moi, la question ne se pose plus. Chez nous,
la direction juridique est pleinement intégrée au
business. Au même titre que les autres fonctions,
elle est perçue comme un véritable partenaire
stratégique. Nous ne sommes pas là uniquement
pour sécuriser, mais aussi pour ouvrir des
opportunités et accompagner le business
Bien sûr, cela apporte des défis. Quand nous étions
perçus comme un simple support, nous n’avions
pas toujours les moyens nécessaires, mais on
nous laissait plus tranquilles sur certains sujets.
Personnellement, cela ne me dérange pas d’être
challengée. J’aime cela, mais cela implique d’être
prêt et structuré pour relever ces nouveaux enjeux.
Nous jouons un rôle clé dans la construction
des projets de l’entreprise, mais également dans
l’accompagnement de l’innovation. Chez Decathlon,
l’innovation est omniprésente, notamment dans nos
produits, et une grande partie de ces sujets passe par
le juridique.
Aujourd’hui, cette reconnaissance est bien ancrée,
y compris chez les juristes eux-mêmes. Ce qui, il y
a dix ans, n’était pas évident. Nous mesurons cette
perception au sein de l’entreprise, et les juristes
savent enfin voir qu’ils créent de la valeur, ce qui est
une belle évolution.
On sent qu’il y a clairement un revirement
qui s’opère. On en arrive aux questions plus
légères, j’ai envie de dire. Quel est le plus grand
mythe que les gens ont sur votre travail de
juriste d’entreprise, de directrice juridique ?
À votre avis, comment la fonction de
juriste d’entreprise évoluera-t-elle dans
les cinq prochaines années ?
Je pense sincèrement que le rôle des juristes et
des directions juridiques varie beaucoup d’une
entreprise à l’autre. Il n’y a pas une seule manière
d’être juriste, tout comme il n’y a pas une seule
façon d’organiser une direction juridique. Certaines
entreprises concentrent leur service juridique sur
la gestion des outils internes, d’autres sur la gestion
globale des risques. Cela dépend fortement de la
sensibilité de l’entreprise aux questions juridiques
et des personnes qui animent ces fonctions.
Quand on parle du rôle de directeur juridique, le
plus grand mythe – ou peut-être plutôt le plus
grand mystère – reste cette question : que fait
un directeur juridique de ses journées ? C’est
souvent 昀氀ou pour beaucoup de personnes. On
imagine qu’on est moins impliqué dans les sujets
opérationnels, qu’on se concentre sur deux trois
sujets stratégiques et qu’on coordonne de très loin
les équipes. Mais en réalité, une grande partie de
mon travail concerne l’humain et l’organisation
des équipes et même si je porte une attention toute
particulière à certains dossiers plus stratégiques, je
reste attentive à toute l’activité du service.
Depuis plusieurs années, nous avons une équipe
de Legal Ops, ce qui n’est pas encore le cas partout
en France. Cela montre une évolution vers des
directions juridiques qui sortent du carcan de
l’expertise purement juridique pour adopter une
approche axée sur la valeur business. C’est aussi en
C’est un poste qui peut parfois intimider, et j’ai
pu m’en rendre compte personnellement. Quand
je suis revenue de congé maternité, il y avait de
nouvelles personnes dans mon équipe. En voulant
me présenter à elles, j’ai réalisé qu’elles semblaient
stressées à l’idée de préparer ce rendez-vous,
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