Numero 4 Lexmag - Magazine - Page 18
La simplicité est d’ailleurs une valeur
particulièrement intéressante appliquée à un
service comme le mien — la direction des a昀昀aires
juridiques et réglementaires d’Edenred. Comme je
l’ai dit, nous opérons dans des univers complexes
avec des réglementations strictes. Celles-ci ont aussi
très largement évolué au cours des vingt dernières
années avec la digitalisation et l’innovation au
sens large dans le domaine des paiements. Cela
a naturellement conduit la direction juridique à
jouer un rôle prépondérant, principalement axé
sur la régulation et la conformité. Pour autant,
nous veillons toujours à adopter une approche
pragmatique et accessible pour nos parties
prenantes, internes comme externes. À faire simple
malgré des sujets compliqués en un mot.
J’ai également demandé à mes équipes d’isoler
des cas plus complexes nécessitant une ré昀氀exion
approfondie et de l’expérience. Nous avons testé
ces situations en les soumettant à notre outil
d’IA générative interne, en veillant à utiliser des
prompts précis. Pour les cas particulièrement
ardus, l’IA ne s’est pas révélée efficace. Pour les
situations nécessitant finesse et analyse, mais qui
peuvent être résolus en manipulant les données
intelligemment, environ un cas sur trois a montré
des résultats intéressants.
Je bascule sur l’innovation majeure qui est
en train de s’opérer sur le secteur juridique
et l’intelligence artificielle. Comment vous
l’appréhendez-vous au sein de la direction
juridique ? L’utilisez-vous déjà et si oui avezvous mis en place des process pour bien
l’utiliser ?
À la suite de cette journée, nous avons acquis une
meilleure compréhension des capacités de l’IA à
travers des cas d’usage précis. Nous avons continué
à bénéficier de l’accompagnement du cabinet pour
garantir que nos équipes utilisent correctement
les outils d’IA disponibles dans le groupe. Après
six mois, nous constatons qu’environ 15 % de nos
collaborateurs ont pleinement adopté l’outil et
l’utilisent pour les cas envisagés de façon régulière.
Il est difficile de quantifier un gain de productivité,
mais ces outils permettent de nous concentrer sur
des tâches à plus haute valeur ajoutée.
E昀昀ectivement, l’intelligence artificielle est un
sujet largement discuté, mais peu de personnes
l’exploitent véritablement. Depuis plusieurs mois,
nous avons consacré beaucoup de temps à cette
question au sein de nos équipes. Avec l’aide d’un
cabinet de conseil, nous avons organisé une journée
dédiée à l’identification des difficultés propres à
notre métier. L’objectif était de déterminer si l’IA
pouvait permettre de réaliser certaines tâches.
Nous avons identifié plus de trente-cinq cas di昀昀érents
dans tous les sous-départements de la direction
juridique : corporate, droit boursier, M&A, conformité,
risques, a昀昀aires publiques, assurances, etc.
Nous sommes partis de situations relativement
faciles à gérer, qui pourraient être résolues par un
humain, mais à faible valeur ajoutée. Par exemple,
dans le domaine du droit boursier, il existe une
multitude de benchmarks qui nécessitent une
comparaison constante pour évaluer si une initiative
est novatrice ou déjà éprouvée, et éviter ainsi
d’éventuels écueils.
Un exemple concret concerne les contrats. Nous
possédons des contrats types pour nos fournisseurs.
L’IA nous aide à identifier les di昀昀érences entre leurs
versions et les nôtres, ce qui représente un gain de
temps considérable.
La responsabilité sociale et environnementale
prend une place importante chez Edenred.
Comment le juridique accompagne-t-il ces
engagements ?
C’est un sujet placé sous la responsabilité directe
de la direction des Ressources humaines et
Responsabilité sociétale. Cependant, nous jouons
un rôle de partenaires privilégiés, car ce domaine
est fortement réglementé par nature. Nous
accompagnons les équipes dans la relecture et
la réalisation des documents. Cette matière étant
encore relativement nouvelle, nous sommes
continuellement en phase d’apprentissage.
Notre implication s’étend également à la
gouvernance, notamment en ce qui concerne
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