Numero 4 Lexmag - Magazine - Page 34
PORTRAIT Julien Quéré
signature a été un véritable « game changer » dans
nos pratiques. Enfin, l’outil permet un archivage
automatique des documents, centralisant ainsi
toutes les informations à un seul endroit et facilitant
le suivi des engagements.
Cela permet notamment une meilleure gestion
des échéances et un suivi plus précis de nos
engagements, ce qui renforce la sécurité juridique.
C’est un véritable levier de transformation de la
fonction juridique.
Nous avons également recruté au sein de l’équipe
juridique une personne ayant un profil LegalOps,
qui nous aide à déployer ces outils et à accompagner
les juristes, ainsi que les parties prenantes, dans
l’adoption de ces technologies innovantes.
Vous utilisez donc l’intelligence artificielle
principalement pour les actes contractuels
à l’heure actuelle ?
Oui, pour l’instant, la digitalisation est
principalement surtout utilisée pour les actes
contractuels, mais notre vision va bien au-delà.
Quand on parle plus spécifiquement d’IA, on ne
peut évidemment pas ignorer ChatGPT. Nous
avons développé en interne notre propre version
sécurisée de GPT, afin de minimiser les risques
liés à l’utilisation d’outils publics comme ChatGPT.
De plus, nous travaillons sur la création d’une
« prompt académie » pour aider les utilisateurs à
formuler leurs demandes de manière optimale.
Selon moi, l’avenir de l’IA dans le domaine juridique
ne se résume pas à la question de savoir si elle va
remplacer les juristes, mais plutôt à comment ces
derniers vont se former pour l’utiliser efficacement.
La clé réside dans l’apprentissage de l’art du «
prompting » pour exploiter pleinement le potentiel
de l’IA et ainsi accroître notre efficacité quotidienne.
Cela soulève bien sûr de nombreuses questions et
pose des défis majeurs, notamment en matière de
formation des juristes. Comment les préparer, dès
l’université, à l’utilisation de l’IA, alors même que
certains enseignants eux-mêmes ne maîtrisent
pas encore ces outils ? C’est un vrai défi selon moi.
L’IA doit devenir une composante à part entière du
quotidien du juriste, et aujourd’hui, ça peut paraître
une évidence, mais il est indispensable de maîtriser
ces outils pour être performant.
On parle désormais du juriste comme un
« business partner ». un terme un peu passé.
Il est vrai que l’image du juriste d’hier,
souvent perçu comme réservé, un peu timide,
et surtout celui qui disait souvent « non » ou
qui s’opposait, a considérablement évolué.
Aujourd’hui, il joue un rôle beaucoup plus
intégré au business. Vous avez évoqué un
peu ce changement avec l’IA, mais je voulais
savoir comment vous percevez ce rôle de
juriste opérationnel, celui qui connaît les
produits, les services et travaille main dans
la main avec toutes les équipes. Lorsque vous
êtes arrivé chez BEL, avez-vous constaté
ce changement dans le statut du juriste, et
à votre avis, comment évoluera-t-il dans
les prochaines années ?
Un des aspects fondamentaux de notre approche
juridique, et c’est particulièrement vrai chez BEL,
c’est de ne pas être perçu comme le juriste qui
dit « non » ou qui intervient a posteriori. Cette
dynamique est profondément ancrée dans la
culture de notre équipe juridique, et aujourd’hui,
je crois que nous sommes reconnus en interne
pour cette attitude proactive. Le terme « business
partner », contributeur de la performance, illustre
parfaitement cette évolution. Le juriste doit être un
véritable allié des équipes, en trouvant des solutions
qui respectent le cadre légal tout en permettant la
réalisation des projets. Cela nécessite de dépasser
le prisme purement juridique, de poser les bonnes
questions aux équipes opérationnelles pour bien
comprendre leurs enjeux. L’objectif est d’adapter
les recommandations juridiques de manière à ce
qu’elles soient conformes aux législations tout en
garantissant la faisabilité des projets.
Le juriste doit vraiment sortir de son bureau, aller
à la rencontre des opérationnels, comprendre
leur métier, et bien sûr, suivre constamment la
réglementation. Mais au-delà de cela, il doit être
résolument orienté vers les objectifs business,
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