Numero 4 Lexmag - Magazine - Page 41
adopter l’IA. Nous espérons démocratiser l’accès
à ces outils, même pour les petites entreprises.
Avec Amel, c’est bien plus qu’un partenariat
professionnel : c’est un véritable coup de cœur
humain. Nous partageons les mêmes valeurs,
une vision commune et cette envie profonde de
moderniser et de faire rayonner les fonctions
juridiques. Nous voulons dépoussiérer leur image,
rendre la communication juridique plus accessible,
engageante et vivante, comme vous le faites si
bien avec le LexMag. Ce projet, pour moi, est une
opportunité unique de réunir tout ce que j’aime :
le management, le digital, le marketing, le coaching.
J’ai toujours eu envie de tout faire, et je réalise que
l’entrepreneuriat o昀昀re exactement cela : un espace
pour rêver, construire et innover.
"
Si je pouvais m’adresser
à « mon moi » de 20 ans, je
lui dirais ceci : « simpli昀椀e ».
Être juriste (...) c’est ta
capacité à rendre le droit
clair et compréhensible
pour tous.
"
Passons aux questions plus légères.
Quel est le plus grand mythe que les gens ont
sur votre travail de directrice juridique ?
Lorsqu’on parle du métier de directrice juridique à
des personnes extérieures au milieu professionnel,
certaines idées reçues ressortent fréquemment.
L’une des plus répandues, et probablement des plus
amusantes, est l’idée qu’une directrice juridique soit
capable de répondre à toutes les questions juridiques
possibles, peu importe le domaine. J’ai souvent droit à
des questions qui touchent à tous les droits possibles
et imaginables. Et comme si cela ne suffisait pas, le
fait de travailler chez Leroy Merlin ajoute une couche
supplémentaire : on me demande des conseils sur
des problèmes de bricolage ! Une fois, on m’a même
demandé si un problème de parquet qui avait craqué
était ‘normal’. Autant dire que je cumule la double
peine : être supposée tout connaître du droit, mais
aussi devenir une experte en rénovation.
Comment voyez-vous le futur des juristes ?
Il y a trois ans, chez Leroy Merlin, nous avons
engagé une ré昀氀exion collective pour redéfinir le
rôle du juriste face aux évolutions rapides de notre
environnement : digitalisation accélérée, explosion
des réglementations et attentes croissantes des
dirigeants. L’objectif était clair : transformer
les juristes en acteurs stratégiques, capables
de simplifier la complexité et de proposer des
solutions concrètes.
Nous avons élaboré un plan de formation en
partenariat avec les ressources humaines, axé sur
plusieurs piliers : gestion de projet et méthodes
agiles, la méthode du Legal Design, la maîtrise
des outils digitaux et de l’IA, et sensibilisation
aux bases de la data pour mieux collaborer avec
les équipes Data. Plutôt que de créer une équipe
Legal Ops dédiée, nous avons choisi une approche
transversale : chaque juriste a été formé pour
intégrer ces compétences dans son périmètre.
Un autre mythe persistant, c’est cette image du
juriste austère, toujours habillé en noir ou en bleu
marine, peu accessible et un peu rigide. Pourtant, je
suis convaincue que ce métier peut être exercé avec
légèreté et créativité, tout en restant professionnel.
Il arrive aussi que des collaborateurs ou partenaires
appellent pour des dossiers complexes, et que
la conversation commence par : « je déteste les
juristes ». C’est toujours un début un peu tendu.
Mais je prends cela comme un défi : « très bien,
je vais vous faire changer d’avis ! » Et souvent,
on arrive à transformer cette méfiance initiale
en relation constructive.
Cette transformation a fait évoluer les juristes en
professionnels plus opérationnels et proactifs,
une tendance que l’on observe aussi dans d’autres
entreprises. Aujourd’hui, ils ne se limitent plus
à interpréter la loi : ils deviennent de véritables
partenaires stratégiques au service de l’organisation.
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