Numero 4 Lexmag - Magazine - Page 51
L’apparition des agents conversationnels à la fin de l’année 2022 a constitué
une véritable rupture dans le développement de l’IA juridique. Jusqu’à cette
période, les techniques d’IA étaient utilisées pour analyser du texte, rechercher des informations ou établir des liens entre des documents. Dans les cas
les plus ambitieux, ils permettaient de modéliser les processus de décision des
juges. Avec l’irruption de ChatGPT, puis de ses concurrents, les facultés de l’IA
générative ont permis d’envisager des tâches plus diversifiées, basées sur la
rédaction de contenus textuels.
En quelques mois, des start-ups ont fait leur apparition, les legaltechs déjà
installées ont développé leurs propres outils et les grands éditeurs juridiques
ont imaginé une nouvelle manière d’exploiter leurs immenses fonds documentaires. On dénombre aujourd’hui plus d’une dizaine de legaltechs françaises qui utilisent l’IA générative au service des professionnels du droit. À titre
d’exemple, on peut citer « Assistant » de Predictice, JiminiAI, Ordalie, Doctrine,
LegiGPT, sans oublier les outils d’IA développés par les grands éditeurs juridiques (GenIAL de Dalloz, LexisAI de LexisNexis ou JP Intelligence de Lexbase).
Les di昀昀érentes plateformes ne proposent pas toutes les mêmes fonctionnalités et certaines sont plus spécialisées : HyperLex, Tomoro ou Leewaysont
dédiées à la rédaction et la gestion de contrats, tandis que Jarvis Legal est spécialisée dans la gestion des cabinets d’avocats, LegalStart dans la création d’entreprises, JusMundi dans le droit international et l’arbitrage et GoodLegal dans
la rédaction de fiches d’arrêts et autres exercices juridiques pour les étudiants
des facultés de droit.
L’IA générative a conduit à une explosion de services juridiques très di昀昀érents,
qui sont venus concurrencer ceux existants. Ces outils peuvent être classés
dans deux grandes catégories. Certains ont pour fonction de réaliser des tâches
juridiques à la place des juristes. Ils jouent ainsi un rôle d’assistants (I). D’autres
outils ont des objectifs plus ambitieux, qui consistent à o昀昀rir aux juristes des
informations qu’ils ne peuvent rechercher par eux-mêmes. Il est alors possible
de parler, au sens strict de « juriste augmenté » (II).
I. Le juriste assisté par l’IA
Nous présentons ici des tâches très courantes qui sont développées actuellement par des systèmes d’IA.
Analyser des contrats
Les premières tentatives d’analyse des contrats ont été rendues publiques par
une entreprise israélienne appelée Lawgeex, qui a développé un outil de lecture
et d’analyse des contrats commerciaux courants (accords de confidentialité,
51