Numero 4 Lexmag - Magazine - Page 63
de souligner que la fiabilité des résultats dépend
fortement de la qualité des données utilisées pour
entraîner ces outils, ce qui nécessite une vigilance
accrue de la part des professionnels pour éviter des
erreurs ou des biais.
Concernant la rédaction de documents juridiques,
l’IA générative o昀昀re la capacité de produire des
premières ébauches de contrats ou d’actes. Cela
peut libérer les professionnels de certaines tâches
et leur permettre de se concentrer sur des activités
plus complexes. Cependant, nous mettons en garde
contre une utilisation non supervisée de ces outils,
qui pourrait compromettre la précision juridique et
la personnalisation des documents, indispensables
pour répondre aux besoins spécifiques des clients
ou des a昀昀aires.
Y a-t-il un point qui vous a particulièrement
surpris lors de vos auditions ? Un point auquel
vous ne vous attendiez vraiment pas ?
Tout d’abord, j’ai été étonnée par le peu
d’inquiétudes exprimées par les avocats face à la
question de l’impact sur l’emploi dans la profession
qui ne semblait pas les alarmer. Cela contraste avec
les craintes exprimées dans d’autres secteurs.
Par ailleurs, j’ai été frappée par l’attente forte et
unanime de la part des professionnels du droit quant
aux conclusions de notre mission d’information.
Beaucoup voient dans cette démarche, en
parallèle du travail mené par les organisations
professionnelles, l’occasion de structurer et
d’encadrer l’intégration de l’IA générative dans
leurs pratiques. Ils attendent des recommandations
claires, notamment en matière de régulation,
d’accompagnement technique et de formation.
On le constate dans ce dossier, l’implémentation
de l’IA Générative dans les cabinets est en pleine
effervescence. De nombreux outils ont déjà été
mis sur le marché et proposés aux professionnels
du droit en l’espace de quelques mois. L’accès à
cette technologie ne risque-t-il pas de remettre
en cause plus largement la question de l’accès au
droit ? Et de l’égalité des armes ?
Vous soulevez un point crucial. L’accès à
l’intelligence artificielle générative, s’il est mal
encadré, pourrait en effet accentuer les inégalités
déjà existantes et renforcer certains biais.
D’un côté, ces outils o昀昀rent une opportunité
formidable de démocratiser l’accès à des services
juridiques. En réduisant les coûts et les délais liés
à des tâches comme la recherche documentaire
ou la rédaction, ils pourraient permettre à des
justiciables aux revenus modestes de bénéficier d’un
accompagnement juridique de qualité. Cependant,
un risque majeur est celui d’un accès inégal à ces
technologies. Les grands cabinets d’avocats ou les
entreprises ayant les moyens d’investir dans des
solutions avancées et bien calibrées bénéficieront d’un
avantage compétitif significatif, là où les structures
plus modestes pourraient rester à la traîne.
Si certaines parties dans un litige utilisent des
outils d’IA générative pour analyser des milliers de
documents ou affiner leurs stratégies, tandis que
d’autres ne peuvent s’appuyer que sur des moyens
traditionnels, cela crée un déséquilibre évident.
L’enjeu est donc de garantir que l’introduction de
ces technologies se fasse de manière équitable, par
exemple en soutenant financièrement les petites
structures ou en rendant certains outils accessibles
gratuitement dans le cadre de l’aide juridictionnelle.
De même, l’annonce faite par le barreau de Paris
il y a quelques semaines quant à la signature de
partenariats avec des plateformes d’IA juridiques est
une bonne nouvelle, même s’il demeure un risque
d’inégalités entre les di昀昀érents barreaux du territoire.
Quelles mesures préconisez-vous de prendre
pour garantir l’équité dans l’utilisation de cette
technologie ?
Encore une fois, je ne peux dévoiler nos
préconisations avant de les avoir présentées à
mes collègues. Toutefois, je peux vous dire qu’il
sera évidemment crucial de soutenir les petites
structures, comme les cabinets d’avocats individuels
ou les associations d’aide juridique, en facilitant
leur accès à des solutions d’IA. Cela pourrait passer
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