Numero 4 Lexmag - Magazine - Page 70
projets. Il faut cependant être très bien organisé,
bien entouré, faire des tests et toujours garder
une marge de manœuvre pour faire face aux
impondérables. À la Madeleine, par exemple
l’installation des câbles sur 35 mètres allant de
l’oculus central au pied de l’église devait durer
2 semaines avec 2 personnes. Cela nous a pris
en définitive 8 semaines à 5 personnes du fait
notamment de la complexité de faire passer tous
les câbles à travers un grillage peu visible, mais
perché à 6 mètres sous la coupole. Heureusement
que nous avions décidé de faire des tests 2 mois
avant l’inauguration !
Quel rôle l’humour joue-t-il dans votre art
et dans votre vie en général ?
Je fais volontairement appel à l’humour, le
clin d’œil, le côté décalé de certaines séries
précisément pour faciliter l’entrée dans mon
univers. Par exemple l’œuvre « Parcours d’une
mouche pendant cinq minutes au plafond un bel
après-midi d’été » suscite généralement dans
un premier temps un étonnement amusé. Cela
permet ensuite plus facilement d’aborder le sujet
de fond qui est, ni plus ni moins, le fruit d’une
ré昀氀exion sur le sens de la vie.
goutte est façonnée par la gravité et aucune goutte
d’eau n’est identique.
2) Le message est celui d’essayer d’élever l’eau au rang
d’œuvre d’art. Pris dans un double phénomène de
réchau昀昀ement climatique et de pollution plastique,
l’eau devient un bien commun stratégique.
Vous jouez avec des matériaux aussi variés que
le verre ou le néon. Quel serait le matériau le plus
improbable avec lequel vous aimeriez travailler ?
Dans un monde aussi perturbé qu’aujourd’hui,
pensez-vous que l’art peut (ou doit) changer
le monde ?
Le bois brûlé des poutres de Notre-Dame par suite
de l’incendie de 2019. L’idée est d’insérer quelques
fragments accompagnés de feuilles d’or dans une
poignée de larmes qui témoigneraient ainsi de
l’immense émotion ressentie et partagée par tous les
citoyens du monde. Un moment rare. Le tout ferait
l’objet d’une o昀昀rande pour Notre-Dame de Paris.
Certainement. Ce fut le cas jusqu’à présent à
chaque étape d’évolution de notre monde. Je pense
par exemple aux surréalistes qui réagissaient aux
horreurs de la Première Guerre mondiale.
L’art est aussi bien utile pour simplement
comprendre le monde dans lequel nous vivons.
Votre installation à l’église de la Madeleine ou
encore au Printemps Haussmann a surpris
par son audace. Comment abordez-vous ces
projets monumentaux ? Et avez-vous des galères
d’expositions à nous raconter ?
À titre personnel et très modestement, je suis
convaincu que le contact avec la beauté fait du
bien, apaise et peut permettre de mieux vivre tout
simplement.
J’aborde ces projets monumentaux avec gourmandise !
Les galères font partie intrinsèques de ce type de
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