Numero 4 Lexmag - Magazine - Page 72
Confessions de contrats
Une journée dans
la vie d’un(e) juriste
d’entreprise
8h30 Premier café avec un contrat négligé
Au sommet d’une pile de dossiers oubliés, un contrat
commercial patient, abîmé par des semaines d’ignorance.
Il n’a pas vraiment la classe : un modèle recyclé, malmené
par des clauses copiées-collées à la va-vite. Le juriste, café en
main, l’ouvre enfin. « Non, mais qui a pondu ce truc ?! » lâchet-il, tout en dégainant son surligneur. Le contrat, soulagé d’être
enfin pris en main, s’accroche à l’espoir d’un avenir meilleur.
9h17 Second café pour gérer la clause d’urgence dramatique
Un cri retentit sur le bureau :
« Alerte rouge, alerte rouge ! » hurle une clause pénale
disproportionnée, accompagnée par le roi de l’urgence.
« Ils veulent m’appliquer dès demain pour un retard de
livraison ? C’est complètement abusé ! »
Le juriste inspire profondément, ajuste ses lunettes et tranche
calmement : « On va rééquilibrer tout ça. Une clause, c’est
comme un bon contrat : juste et applicable. »
Après un ajustement bien mérité, la clause reprend sa place
dans le dossier, soulagée et un peu fière de sa nouvelle
pertinence.
10h30 Troisième café pour mater le marché public interminable
Un épais dossier de marché public atterrit sur le bureau
du juriste, escorté d’un post-it dédaigneux :
« 15 points à vérifier, ASAP. »
Le marché public ricane presque : « salut, je suis compliqué,
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